Droit des Jeux d'argent et de hasard: 27 000 € sauvés de l’oubli : la leçon Winamax pour les fans de la Copa del Rey

7.6.25

27 000 € sauvés de l’oubli : la leçon Winamax pour les fans de la Copa del Rey

Un soir de janvier 2023, lors d’un incandescent Real Madrid – Atlético en Copa del Rey, un parieur décide de miser gros sur le buteur des prolongations : 2 000 € sur Vinícius Júnior prochain buteur, cote 14,5. Le clic est quasi-immédiat, l’action aussi – l’ailier brésilien conclut une percée en solitaire, et le gain potentiel grimpe à près de 29000 €. Pourtant, au tableau de bord du joueur, le ticket n’apparaît jamais ; la plateforme indique que la mise n’a pas été “validée”. 

Le bookmaker invoque le règlement interne : un discret paragraphe précise que la validation d’un pari live peut être refusée « en cas de variation de cote ou d’événement en cours ». 

Problème : ce même règlement n’explique pas pourquoi le refus survient alors que le montant et la cote étaient encore affichés ; surtout, rien n’interdit le pari sur le prochain buteur en temps supplémentaire. Le tribunal y voit un refus de vente déguisé : faute de motif légitime, le site ne pouvait priver le joueur d’un ticket parfaitement conforme aux règles visibles à l’écran. 

Le jugement est sans appel : Winamax doit verser 27 000 € au parieur, somme correspondant au gain net dont il a été privé. Entre les lignes, la décision rappelle qu’un opérateur ne peut se réserver le droit de valider ou non une mise selon le résultat. Quand la cote est affichée et le pari techniquement recevable, refuser la transaction après coup revient à rompre l’équilibre du jeu. 

Pour la communauté, le message est clair : la transparence contractuelle ne s’arrête pas à la page d’inscription. Avant chaque pari, capturez l’écran, notez la cote, l’heure et la sélection ; après le coup de sifflet, comparez le ticket à ce qui était annoncé. Si un gain amputé ou un refus inexpliqué survient, le simple fait de disposer d’images et d’horodatages change la donne — la preuve en est. 

Enfin, cette affaire souligne l’importance de faire relire son dossier lorsque le dialogue avec le support tourne court. Souvent, un rappel courtois mais ferme des faits suffit ; parfois, il faut aller plus loin. 

Dans tous les cas, le football peut cultiver l’incertitude ; vos mises, elles, doivent rester protégées. 

Cet article informe les parieurs sur leurs droits et l’importance de conserver leurs preuves ; il ne constitue pas un conseil juridique individualisé.



Matthieu ESCANDE

Avocat à la Cour - Attorney at Law
Docteur en Droit - Ph.D in Law