Le Coup de Maître : Des Paris Combinés et un "Cash-Out" Stratégique
L'histoire commence entre fin février et début mars 2021. Le parieur engage une mise totale de 4 466 € sur cinq paris combinés complexes, portant sur divers matchs de football. La technique du pari combiné, bien connue des joueurs, consiste à multiplier les cotes de plusieurs événements pour viser un gain potentiellement très élevé, en contrepartie d'un risque accru.
Le 5 mars 2021, alors que les résultats s'enchaînent en sa faveur, le joueur prend une décision stratégique cruciale. Utilisant l'option « cash-out » proposée par WINAMAX, il décide de "revendre" quatre de ses paris avant leur terme. Cette fonctionnalité permet de sécuriser une partie des gains potentiels, quel que soit le résultat final des derniers matchs. L'opération est un succès : son compte joueur est instantanément crédité de la somme de 392 323,58 €.
La Douche Froide : Du Gain au Compte Bloqué
L'euphorie est de courte durée. En tentant de retirer ses gains légitimement acquis, le parieur voit son compte WINAMAX brutalement suspendu. L'opérateur invoque alors une suspicion de fraude et un "avantage déloyal". Selon WINAMAX, le joueur aurait profité d'un décalage temporel entre le déroulement des événements sportifs et la mise à jour des cotes sur sa plateforme, plaçant ainsi des paris sur des issues déjà connues.
Face à ces accusations graves mais non étayées, et après le refus de l'opérateur de revenir sur sa décision, la seule voie possible était celle des tribunaux.
La Bataille Juridique : La Charge de la Preuve au Cœur du Débat
Devant le Tribunal Judiciaire de Paris, la question n'était pas de savoir si le gain était important, mais si WINAMAX pouvait légitimement l'annuler. La défense de l'opérateur reposait entièrement sur sa capacité à prouver deux choses : que les paris avaient été placés sans aucun aléa, et que le joueur avait agi de mauvaise foi. Le tribunal a rappelé un principe fondamental du droit : c'est à celui qui allègue la fraude de la prouver.
Le jugement du 1er juillet 2025 a été sans appel sur ce point. Le tribunal a estimé que WINAMAX n'avait pas rapporté la preuve que les paris litigieux étaient dépourvus d'aléa au moment de leur souscription. Les éléments fournis par l'opérateur, notamment des données de prestataires externes, ont été jugés insuffisants ou manquant de force probante pour établir avec certitude l'horodatage exact des événements.
De même, le tribunal a balayé les arguments visant à démontrer la mauvaise foi du joueur, considérant qu'aucune intention frauduleuse n'était établie.
Le Verdict : La Justice Confirme les Gains
En l'absence de preuve d'une quelconque irrégularité, le tribunal a appliqué la loi du contrat : un pari accepté et gagnant doit être payé. WINAMAX a donc été condamné à verser au parieur :
- 392 323,58 € au titre des quatre paris "cash-out".
- 10 160,39 € pour le cinquième pari, qui s'est également révélé gagnant.
- Le solde restant sur son compte joueur au moment de sa clôture.
- Une indemnité de 4 000 € pour les frais de justice engagés.
Cette décision rappelle une vérité essentielle : un opérateur de jeux ne peut s'affranchir de son obligation de paiement en se fondant sur de simples suspicions. Une victoire de cette ampleur est une victoire pour tous les parieurs, qui confirme que leurs droits peuvent et doivent être défendus. C'est la reconnaissance que même face à un géant du secteur, une stratégie juridique rigoureuse permet de faire respecter la règle la plus simple : celle du jeu.